Prologue de l’Octosystème – partie deux

Jour 15 - Entrez dans l'Octosystème

Je vous l’avais promis, nous y voilà, c’est l’orée. Mais nous sommes avant même l’orée, vous l’avez vu dans le précédent extrait. Les Rêveries 8, 9 et surtout 10 étaient là pour vous préparer, vous faire doucement entrer en matière dans cet univers que je déploie lettre par lettre, le prologue est là, naturellement, pour vous y introduire.

Nous avons déjà laissé loin les histoires de neige. Je vous ai évoqué pourquoi j’écris, avec toutes mes hésitations et mes lenteurs, particulièrement sur ce projet. Aujourd’hui, nous assisterons à la naissance de tout un univers, voire d’un multivers.

Accrochez vos ceintures, retenez votre souffle, nous continuons notre plongée. J’avais proposé comme ambiance, pour la première partie du texte, le groupe Yatao, avec son titre Cosmic Breath, sur lequel ce texte a été réécrit et peaufiné. Comme il ne faudrait pas mettre deux fois la même musique – diantre, je préfère vous faire découvrir des choses ! – je vous propose d’écouter la Septième Gnossienne d’Erik Satie, bien moins connue que les six autres (quand déjà on ne s’arrête pas aux trois premières). Cette Gnosienne fait partie de son œuvre Le fils des étoiles – ce qui marche pas mal pour l’ambiance de ce texte-là.

En plus, la Gnossienne 7 a été la musique concurrente pour écrire le prologue ! 😊 Si vous préférez mettre Cosmic Breath, de Yatao, pour lire ce texte, ça marche aussi très bien…

Allez. Ready ?

Quelques clés de worldbuilding / lore :

  • Il y a d’autres éléments de lore dans les intros des Rêveries 8, 9 et 10 ! J’ajoute ici uniquement ce qui est nouvellement évoqué par ce texte-ci.
  • Nous rencontrons dans ce texte les huit dea de l’Octosystème.
  • Dea est un neutre pluriel emprunté au latin (deus, dea, et deum sur le modèle du neutre, pl. dea).
  • Les huit dea forment l’Octodey, l’ensemble cohérent des huit puissances magiques de rang divin à l’origine de l’Octosystème.
  • Mitian est considéræ comme læ premier·e deum à émerger du vide, de fait parent des sept autres.
  • æl : lire /aɛ̆l/, comme « Gaël ». Pronom neutre de troisième personne. « ael » réfère aussi à « ange » en breton. Pluriel « æls », lire /aɛ̆l/ de même. La liaison en ‘s’ se fait : « Æls étaient là ». Accord : « Æls étaient choquæs / bæls ».
  • æx, lire /aɛ̆z/. Pronom neutre de troisième personne, forme disjointe, équivalente à eux/elles.
  • L’acte de cosmogénèse se passe à l’intérieur d’Æstis, la Bulle de Création, dont nous avons déjà eu l’occasion de parler.
  • Les “tentatives ratées” de l’Octodey lors de la cosmogénèse sont beaucoup plus importantes qu’il n’y paraît. Il semblerait que, en d’autres temps, en d’autres lieux… une de ces tentative ait mené à une terre finale.
  • Raïta est l’une des huit planètes habitées de l’Octosystème, que nous découvrirons plus en détails dans le troisième extrait du prologue.

La Sage Saga de l'Octosystème

Tome 1 : Nostraterra

Feuillet 1 : Si loin, si proche, une fresque de tout - Prologue, partie 2

~ * Æs * ~

Une sphère. Elle est simplement là, dans le vide, dans rien. Par la force du verbe, nous la faisons naître. Par notre imagination, elle prend vie. Elle est là, immuable, immobile, peut-être parcourue de frissons. Sa surface tressaille et sautille. Par notre propre pouvoir de roseaux pensants, nous la nommons. Jeu de mots et jeux de langage, posons donc là ce qu’est Æstis, la sphère de rien, le Néant infertile. Elle sera ce que nous voudrons qu’elle soit. Une ombre se meut en son cœur, née de notre volonté pure. Nommons Mitian et observons. Son ombre est informe, chaotique, hésitante, une simple pulsion de résistance de l’être face au non-être, un cri simpliste contre le grand rien. Mais nous avons déjà prêté à Mitian la capacité de penser. Et, ô Mitian, qu’est-ce que tu penses, déjà ! 

De la lumière traverse le rien, l’emballement rythmique est possible. Mitian bouge, flotte, se fait corps. Mitian aussi, comme les mots, danse. Æl prend les commandes, les invente. Une seconde lumière scande le rien. Une autre ombre naît aux côtés de Mitian, dans la sphère. Elyian. Un autre punctus lumineux, une autre ombre, et c’est Mahian. Des illuminations désordonnées. Lyarian, puis Yamian, Watian, Awmyan, Swantian. Les huit dea sont là devant nous et ne nous regardent pas. Æls n’ont même pas conscience de notre non-présence, de notre observation. Il n’y a que le Rien, la Sphère, et æx, l’Octodey, en son cœur, qui prend cœur. Qui bat, qui rythme.

Une neuvième pulsation embrasa l’univers, car il était né. Des myriades d’étoiles brasillaient doucement, dans toutes les directions où se porteraient les regards, et la sphère irradiait mille feux et mille pensées, l’œil du chat qui aurait dérobé un soleil de joie au détour d’une ruelle torturée. Une foultitude de masses s’entrechoquaient et gravitaient autour de chacune de ces myriades d’étoiles. Des milliards d’années s’étaient peut-être déjà écoulées entre la neuvième pulsation et le crépitement chaud des étoiles parsemées sur leur toile noire. Le temps s’étirait, et avec lui naissait l’espace, dans toute sa splendeur et sa violence. Les huit dea guidaient le cours du temps, mais n’intervenaient que peu. Une fois les commandes paramétrées, leur création se vivait toute seule. La vie exultait et explosait ; aberrations parfois, belles trouvailles quelquefois, formes viables encore plus rarement. Des bactéries et des virus, des systèmes unicellulaires, des crevettes cosmiques (non !), l’invention du squelette, des plantes prolifiques sur terre, dans les mers, des insectes géants qui parcouraient des vallées arides et des forêts luxuriantes, des plantes cruelles ou plus raisonnables, des reptiles poursuivis ou poursuivant les insectes géants. Des poissons, de plus en plus « modernes ». De nécessaires interventions, des redressements. Quelques météores. La grande chaîne du hasard, l’exultation de l’inventivité incroyable de la biologie du vivant. Huit planètes semblaient, par hasard, suivre une évolution quasiment similaire. Il s’agissait peut-être plus de volonté que de hasard : l’Octodey était toujours dans la sphère, aux commandes. Tout semblait tendre à la cohérence, ou, tout du moins, à un chaos qui se maintenait et se nourrissait lui-même, dans un vase clos mais viable, autosuffisant. Les dea disparurent brusquement, leur travail préliminaire accompli. Les dés avaient été jetés. La création fonctionnait et résistait d’une part à la stase, d’autre part au chaos, métastabilité propice à l’évolution. Une de ces huit planètes-sœurs était aux deux tiers bleue et parsemée de tâches verdoyantes et vives.

Raïta.

~ * Æst * ~

Et demain ?

Peut-être la suite de ce texte ? Sûrement, même. J’ai beaucoup trop envie de vous faire décrouvrir Ezcohléïan-Ok-M’to… Mais ce qui est sûr, c’est que nous aurons quelque chose à lire ! Alors, revenez demain, ouvrir la prochaine surprise ! La fête n’est pas finie pour la Vallée des Mots.

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