Jour 8 - Une bûche à écrire sur Axone Zéro
Introduction au lore d'Axone Zéro
Axone Zéro appartient au Cycle Axonique. Pour une petite remise en contexte de ce cycle dans l’ensemble de mes projets, voir la Bûche Zéro Zéro !
J’aimerais commencer un ensemble de Bûches spécifiquement consacré à ce roman-là, qui est celui sur lequel je planche le plus (de façon quasiment exclusive en fait) en ce moment.
Et, pour commencer une telle entreprise, quoi de mieux que de vous parler de façon globale du monde dans lequel l’histoire tient place ?
Dans l’article consacré à la Rêverie du Multivers n°8, j’avais évoqué une carte réalisée il y a une quinzaine d’années… sur Paint. Et je vous avais promis de ne pas vous la montrer, évidemment 
Pour Axone Zéro, j’ai une carte, réalisée avec Wonderdraft, donc un bien meilleur outil, et c’est pas peu de le dire !
La carte politique de Terra Finalis, la planète-cadre d’Axone Zéro.
Le Concile des Nations Unies, ou CNU
Le CNU est l’émanation de l’ONU. Oui, vous lisez bien, l’ONU. Je vous expliquerai plus tard, promis. À l’heure où s’ouvre le roman, le CNU est en décrépitude, à bout de ses forces et de son idéal de contrôle du monde. Si, sur le papier, c’est le Concile qui régit le monde de Terra Finalis, dans les faits les organisations cénusiennes sont entièrement supplantées par les deux superpuissances rivales, Edran et Malek.
La doctrine politique du CNU repose sur un néolibéralisme vert et anthropocentré. C’est un État qui, censé être garant de l’équilibre mondial et de son écologie, s’avère surtout très passif sur l’échiquier international.
Sa capitale est Philoménon, une île-mégalopole de l’Océan d’Espoir, et son domaine d’influence se situe particulièrement en Amédor.
AÉROPORT DU TOIT DU PALAIS DODÉCAÉDRIQUE DE PHILOMÉNON, CAPITALE ET SIÈGE DU CONCILE DES NATIONS-UNIES Nous chuchotions entre nous. Notre départ de Philoménon avait été décidé le matin-même, et notre préparation précipitée encore par l’annonce d’un typhon qui devait se présenter incessamment aux portes de Philoménon, rendant les liaisons aériennes impossibles pendant quelques jours. Or, il était important – que dis-je ? crucial ! – de rallier Etruss au plus vite. Les élections edranies, pantomime d’élections aux règles ultrafloues, n’étaient pas protocolaires. En tant que membre siégeant du Concile des Nations-Unies, Edran n’aurait pas dû ouvrir sa votation à des citoyens d’autres nations. Malek passait encore, ou les États Non Alignés, mais les Fédérations Pirates ? Malek et les ÉNA siégeaient au CNU, étaient reconnus comme des nations indépendantes ; pas les Fédérations, un ramassis de pirates autoproclamés, un tas de déchets humains seulement bons à guerroyer et perturber les relations internationales, voilà ce qu’ils étaient. Et Edran qui persistait à les soutenir ! Ah, vraiment, moi ça me faisait enrager, cette absence de discernement. Ne voyaient-ils pas ce qu’ils risquaient ? L’ire du CNU, les sanctions internationales, l’ostracisme, voire la suspension de leur siège permanent…
La Confédération d'Edran
Edran est une Nation constituée en réaction à l’émergence d’une force politique rétrograde, Malek. À l’origine, c’était un groupe hétéroclite composé de citoyen·ne·s de divers pays, qui se sont engagé·e·s ensemble pour un idéal commun.
Progressiste, la nation edranaï est fondamentalement tournée vers le bien-être de toutes les personnes humaines, et croit en l’idéal du bien commun. Elle est l’une des deux forces politiques majeures dans ce monde, rivale de Malek par essence.
Edran croit en l’écologie comme en une valeur cardinale, mais souffre d’une bureaucratie lourde qui l’empêche fréquemment de faire valoir ses préceptes sur la scène internationale.
Sa capitale est Etruss, illustrée par notre cher Midjourney en image en avant ! Etruss est une mégapole où nature et technologie cohabitent en relative harmonie… apparente.
Des vivats. Des exclamations enjouées, même si teintées d’une émotion qui avait trait à la douleur. Des personnes qui se levaient, dans une sorte de liesse tragique, morbide et partagée. Iels le savaient toustes : cet acte de langage signait la fin d’Edran tel qu’Edran l’avait été. C’était grave, mais c’était nécessaire ; car la survie de la plupart de leurs idéaux devait naturellement primer sur la conservation totale et l’immobilisme national. Ces paroles, somptueuses mais vraies, avaient été prononcées par Reika Hellena lors d’une confrontation entre les candidat·e·s, et avaient marqué la foule et les débats. Toustes les Edrani étaient convaincu·e·s de l’importance du choix qu’iels devaient faire et, toustes, avaient voté, sans aucune exception. Les adultes, les enfants en âge de parole, toustes avaient exprimé leur voix , au sens le plus strict, en tant qu’elle était à prendre en compte dans le devenir de la nation tout entière. Des poings étaient brandis en direction du ciel, à présent embrasé des lumières matinales qui se gaussaient de leur devenir commun. On niait l’impuissance, on niait l’idée de nature, au sens non pas de l’environnement que toustes les Edrani adoraient malgré son inhospitalité, mais on affirmait l’importance des choix, de l’autodétermination, le primat du groupe, du social, de l’individu dans le groupe, de la vie affective et de l’expérience incarnée sur la nature tangible, mais inerte.
La Malek Corporation, ou Empire de Malek
Issu de la fusion de plusieurs conglomérats industriels et financiers, la Malek Corporation – initialement la MALE-Corp – est à la base un groupement d’intérêts économiques. Cette force vive, prodigieuse de vigueur, a évolué “naturellement” vers la forme d’un Empire, lorsque une famille, les Eiflan, s’est retrouvée à la tête de la totalité des instances de pouvoir après d’habiles instigations et manigances.
Malek est interventionniste, belliqueux, égoïste et rétrograde. Il est la cristallisation de toutes les valeurs capitalistes, menées à leur paroxysme le plus dur.
Sa capitale, Bizanne, est plongée dans un smog continuel, malgré les embruns et l’Océan Fragile tout proche.
TOUR DOMINANTE, DISTRICT CENTRE, BIZANNE, CAPITALE DE MALEK Les yeux se perdaient sur les vagues lointaines que frappait le soleil. La tour de verre et d’acier, plus haute que l’entièreté de la ville, dominait tout et s’accrochait aux cieux conquis de Malek. Au nord, l’immensité bleue de l’Océan Fragile, au Sud, à l’Est et à l’Ouest, la mer urbaine noirâtre de Bizanne. L’empereur Ollan Päl-Altematrix Eiflan avait posé son menton sur ses doigts entrelacés, coudes lourdement ancrés sur son luxueux bureau en verre fumé, contemplant la ligne d’horizon. C’était ici qu’il venait réfléchir, dans son sanctuaire personnel, au sommet de son palais impérial, de sa capitale, de sa Malek. Empereur et grand patron, actionnaire principal et incontesté, propriétaire de l’illustre nation-corporation, des personnes qui la composaient, de ses richesses, Ollan aimait voir ce grand tableau de Bizanne depuis son fastueux cabinet à la vue panoramique. En jouissant directement du pouvoir qu’il possédait, il était inspiré, concentré, dans ses tâches. C’était comme la méditation d’un artiste qui profiterait de la présence de sa muse pour accoucher d’un chef-d’œuvre. Un artiste, un virtuose du pouvoir et de la finance ; c’était effectivement ce qu’était Ollan.
Les Fédérations Pirates
Un cas particulier sur Terra Finalis, puisque les Fédérations ne sont reconnues ni par le CNU ni par aucun autre État, à l’exception d’Edran. Les Fédérations sont, en quelque sorte, les petites sœurs d’Edran : elles partagent avec la Nation-Mère ses idéaux, à l’exception d’un interventionnisme marqué. Les Pirates, toustes, se dédient à la sauvegarde de la planète, et sont prêt·e·s à recourir à la force pour le faire.
Sans la protection passive d’Edran, cela fait bien longtemps que les territoires principalement maritimes et insulaires des Fédérations auraient été balayés par le CNU et Malek, mortels rivaux.
Leur capitale est Rhêmata, même si Khrêmata lui vole très souvent la vedette.
LE DRAGON ATLANTE, À L’ANCRE AU PORT-SIÈGE DE L’AMIRAUTÉ, RHÊMATA, « CAPITALE » DES FÉDÉRATIONS PIRATES L’élection était passée. De toutes les personnes qui s’étaient portées candidates, c’était l’insipide Meganera, née à Etruss et pur produit d’Etruss, qui avait été choisie par l’expression populaire. Ce n’était pas faute d’avoir tenté d’infléchir les résultats en un sens qui leur aurait plus plu : les Pirates avaient massivement participé à l’exercice de pouvoir edranaï, mais leur population n’était pas assez nombreuse vis-à-vis de l’immense manne vivante d’Edran. Et, même s’il était plus que sûr que Phioma Garzhon et Feÿn Messat fussent adoré·e·s par les Edrani, puisque leurs scores avaient été fort honorables, cela n’avait pas suffi à dépasser l’engouement qu’avait suscité la reine Lanelys malgré sa fadeur et son absence de combativité, sa mollesse toute caractéristique d’Edran. Et ce n’était pas avec son discours vibrant d’espoir qu’elle allait convaincre les Fédérations d’entrer dans le rang. Pour les Pirates, les mots ne valaient pas les actes : Lanelys devrait prouver son engagement ; montrer qu’il était cohérent, stable, et surtout qu’elle ne le renierait pas. Elle avait commencé son allocution par des excuses, et, si l’argument était intelligent, la posture l’était moins : contrite, influençable, manquant de clarté et de poigne, presque honteuse, voilà comment Lanelys pouvait être perçue.
L'Église du Saint-Void & les États Non Alignés (ÉNA)
Les ÉNA sont les États qui ont refusé de fusionner avec l’une des trois autres puissances de Terra Finalis. Par la force de l’immobilisme politique, simplement par le status quo, les ÉNA ont fini par devenir un État pseudo-cohérent, même si pas uni officiellement.
Dans les faits, c’est l’Église du Saint-Void, religion unique de Terra Finalis, reliquat des grandes religions monothéistes, qui unit cet ensemble décousu. La doctrine de l’Église est simple : la seule vérité est Néant.
La capitale de facto est Aléthia, siège de l’archevêché.
CATHÉDRALE DU SAINT-VOID, CITÉ-ÉTAT ARCHIÉPISCOPALE D’ALÉTHIASonnor Delti avait échoué, malgré ses promesses brûlantes de porter le Void jusqu’au cœur du Royaume d’Edran en devenir. L’archevêque d’Alethia, chef suprême de la congrégation des États Non Alignés de l’Église d’Alethia, tentait difficilement d’accepter cet état de fait. Un score dramatique de zéro et demi pour cent des suffrages exprimés. C’était à la fois ridicule, et beau, se dit-il : Delti avait réussi au moins une chose, et c’était d’exprimer la doctrine du Void dans son score. Il était devenu, dans les quolibets que lui réservaient les jeunes dévoués à l’eschatéchèse, le « Prêtre Zéro », et l’appellation était à la fois moqueuse, et affectueuse. Puisse le Vide nous combler une fois encore de sa divine bonté. Althéa. La pensée rassurante, émise à haute voix par habitude, résonna dans la pièce. L’archevêque fit quelques pas en direction d’une haute fenêtre à ogive, jeta un coup d’œil discret au splendide paysage qui s’offrait à lui tous les jours que leur octroyait le Void. L’étendue de la mer intérieure d’Alethia était là, qui encerclait la ville du même nom, juchée sur une île montueuse. La cathédrale du Saint-Void était construite directement sur les eaux calmes, ses arcs et ses piliers plongeant profondément dans la mer, s’acharnant pour maintenir à flot le colossal édifice tout de flèches, de tours complexes, de pinacles dentelés et de corniches ouvragées.
Et demain ?
Nous reviendrons bien sûr plus tard sur tout ceci. Il y a tellement à dire ! Je voulais d’abord vous brosser un aperçu très large, très minimal, de ce monde brutal.
Et demain, qu’aurons-nous ? Eh bien, je ne sais pas, comme d’habitude. Alors, revenez demain, ouvrir la prochaine surprise ! Ce qui est certain, c’est qu’il y en aura encore une et que la fête n’est pas finie pour la Vallée des Mots.
