Évènement Lisa Carmen

L'An deux mil vingt et deux et le neuf du mois de décembre
Bibliothèque Nationale des Mots, 40ème étage, Salle des Actes

Une sortie ! Ah, mais quel plaisir ! Ça va sentir le papier neuf, l’encre fraîche, les bons mots… Que d’effusions en perspective. Cette fois encore, c’est mon collègue Ed, le Bibliovore, qui va assurer l’interview événementielle de ce soir.

Il est là, tout fringant, il est prêt. Il a bien répété, devant son miroir, puis devant moi, tout à l’heure. On va le voir ? Il va accueillir Lisa Carmen d’une seconde à l’autre, elle est déjà en chemin !

Venez, venez, mêlons-nous à la foule ! Il y a même des rafraîchissements prévus, faites-vous plaisir.

Que se raconta-t-il ce jour-là ? Quel évènement se tint au quarantième étage ?

< Lorsque Lisa Carmen émerge de la plateforme de l’ascenseur, une fois parvenue au quarantième étage de la Bibliothèque Nationale des Mots, Ed, le Bibliovore, l’attend, tout droit dans son habit trop serré pour son corps draconique. Il a l’air enjoué, espiègle, ravi. La sono de l’étage l’accueille, elle aussi, diffusant tranquillement une musique qu’elle apprécie. >

< Et l’assemblée réunie pour l’occasion applaudit de toutes forces. Des dizaines de Dracosouris, quelques dragons et dracènes, des humain·e·s des Royaumes Extérieurs, d’autres créatures de la Vallée que nous n’identifions pas. Tous et toutes attendaient son arrivée pour la soirée inaugurale ! >

< La voix d’Ed, le Bibliovore, ordinairement toute douce et modulée, enfle grandement, alors qu’il laisse pour une fois libre cours à toute la puissance magique de sa voix draconique. >

Bonjour à toi, autrice de la Vallée des Mots ! Que ta venue en notre Vallée soit remarquée ! Viens t’installer auprès de moi sur l’estrade. Nous avons prévu une petite interview pour ouvrir la soirée de lancement ! Tu peux confier tes affaires à Paul et Virginie, que voici, qui se chargeront de les stocker le temps de notre événement.

< Paul et Virginie s’avancent vers Lisa pour la débarrasser. >

Qu’est-ce que tu veux boire ? Est-ce qu’il faut sabrer une bouteille de Mousseux des Sous-bois, cuvée prestige ?

< Dans les sous-bois de la Vallée des Mots, les créatures des forêts cultivent la mousse pour en faire des boissons. Ces brassins, auxquels on adjoint souvent de la framboise, sont très réputés ! >

Hummm, avec plaisir, une coupe de mousse framboisée !

Le quarantième étage de la BNM – pour Bibliothèque Nationale des Mots – est ce soir décoré aux couleurs de son livre. Parmi les travées de bibliothèque, des drapés et des velours où dominent de chaudes nuances de bordeaux et du blanc. >

Installe-toi, je t’en prie !

< Alors qu’elle se love dans un confortable fauteuil aux accoudoirs de bois ornés de têtes de dragon, les lieux s’illuminent. Un projecteur flotte dans les airs au‑dessus d’elle, et des lanternes magiques s’allument entre les travées de bibliothèque. >

On t’appelle Lisa Carmen. C’est ton nom de plume, ton nom d’autrice, ton identité d’écriture. Comment l’as-tu choisi, quelle est la référence ? C’est quelque chose d’important pour toi ? Parle-moi de toi librement !

Carmen, c’est en hommage à mon opéra préféré, histoire d’une jeune femme forte, indépendante et danseuse de surcroit, le tout sur fond d’histoire d’amour, de fêtes et de disputes. Et Lisa, parce que depuis que j’ai le désir d’être mère (vers l’âge de 17 ans) j’avais d’ores et déjà choisi le prénom de la fille que je voulais tant !
Bon, aujourd’hui, j’ai trois garçons merveilleux…

Une journée-type qui se passe bien, qui t’amène son lot de bonheur, qui te comble, c’est comment pour toi ?

Une bonne et longue nuit complète, un petit-déj en famille, une demi-heure de Pilate suivie d’une bonne heure de danse, potins et commérage avec les copines. Puis une séance d’écriture l’après-midi, la confection du repas avec mes crapauds, et une fois tout ce petit monde au lit, film ou série avec un dessert, au chocolat de préférence, dans les bras de mon mari.

Si mouton était un mouvement, en danse, à quoi ça ressemblerait ?

Pourquoi pas un piqué suivi d’un assemblé ! Je me doute que ça ne parle pas à tout le monde, alors, pour imager : on élance une jambe, on monte sur demi-pointe et on tourne délicatement et gracieusement

< Paul et Virginie s’avancent vers nos deux protago, en tendant à chacun·e une magnifique flûte emplie d’un liquide aux bulles fines, rosées et délicates. Des petits fours variés – tartelettes fines à la confiture d’endive, vol-au-vent aux endives sauce cueilleur, soufflés aux endives d’artifice… – accompagnent les boissons. Ed, le Bibliovore, se fend d’un grand sourire et trempe ses lèvres écailleuses dans le breuvage, provoquant une effervescence subtile. >

Tu as récemment couché sur papier une partie de ta vie, dans un journal autobiographique. Mais as-tu d’autres projets ? Comment t’est venu le besoin d’écrire ?

Après une période sombre et compliquée émotionnellement, j’ai eu le besoin de séances chez une psychologue. J’avais beaucoup de mal à exprimer oralement mes ressentis, alors elle m’a conseillé d’écrire. Les mots sont devenus des phrases, puis des lignes… puis des pages. J’écris un second livre actuellement, qui n’est pas vraiment une suite : il s’agira cette fois de la biographie de mon aïeule. La génération des femmes d’après-guerre a été confrontée à des vies fort peu simples ; ce sont, pour moi, des modèles de courage.

Que répondrais-tu à quelqu’un·e qui te dirait qu’écrire est une perte de temps ?

Simplement que nous n’avons pas tous les mêmes facilités à nous exprimer : certains ont besoin d’écrire, de chanter ou de peindre pour signifier. Et puis écrire pour les gens permet de leur offrir d’autres vies, d’autres univers, d’autres émotions.

Qui est ton auteur·ice préféré·e ?

J’adore le style de Virginia C. Andrews, autrice de romans centrés autour d’histoires dramatiques de familles, de sujets durs à explorer comme l’inceste, mais qui embarquent aussi beaucoup d’amour ; il en faut non ?

Tu aimes les chips ? Tu préfères les chips poivrées ou non ?

Je suis plutôt noix de cajou et cranberries…

Est-ce que tu pratiques une autre forme d’art ?

La danse, de façon intensive entre mes 4 et 17 ans… j’ai repris depuis quelques mois. Pour exprimer ce que cela me procure, il y a une jolie phrase que je trouve très vraie dans le film Billy Elliot : “J’sais pas. Ça me fait plutôt du bien ; au début, je me sens un peu raide, mais quand je suis lancé, alors j’oublie tout le reste et c’est comme si je disparaissais.” J’éprouve comme un changement dans mon corps et une sorte de feu qui s’embrase en moi. J’suis simplement là, je vole juste, comme un oiseau, comme de l’électricité – oui, de l’électricité. Qui crépite.

Quel est le projet dont tu es la plus fière ?

Journal d’une partie de nous, bien entendu !

Mais dis-moi… N’avons-nous pas une grande nouvelle à annoncer, ce soir ?

< Ed, le Bibliovore, se lève et s’avance en frétillant au-devant de la scène, qui évoque à Lisa un studio de danse. Il s’éclaircit la gorge d’un grand « Agrrrouh, agrouuuh » qui fait vibrer l’assistance. >

Dragons et dracènes ! Dracosouris de bibliothèque ! Dragonace et populace des Royaumes Extérieurs ! Voici venue l’heure du cover reveaaaaal !

< Derrière Lisa se déploie lentement un écran de projection aux dimensions de l’estrade. >

Mais non, enfin, sortez plutôt l’hologramme. C’est sûrement mieux !

< Après une lente rétraction de l’écran, qui s’opère dans un brouhaha naissant de l’assistance, Paul et Virginie s’activent, et déposent, au creux de la main du Bibliovore, un dispositif étrange, tout fait de métaux aux couleurs criardes. >

< Puis, dans un chuintement et un « OH ! » et des « AH ! » collectifs, l’appareil se met en marche, et l’air tremblote. Se taisent les conversations. On entend des « shhhhut » et des « silence ! » chuchotés. Les lumières de l’étage s’éteignent, et le livre apparaît dans toute sa splendeur derrière son autrice, comme s’il était réel. >

Alors, qu’en penses-tu ? Akage Sensei s’est surpassé, je trouve !

< L’intéressé, au premier rang de l’assistance, se rengorge. >

Je suis tellement contente de la couverture, il a su parfaitement capter mes émotions et l’ambiance du livre – bon, comme un certain Ed, le Bibliovore, ceci dit 😉

Comment te vient l’inspiration ? Est-ce que tu arrives à écrire « sur commande » ? Est-ce que ça a été de plus en plus facile ?

L’inspiration se présente plus généralement la nuit, je n’écris qu’en étant inspirée par le sujet. Pour mon journal, cela n’a pas toujours été facile. J’ai une certaine facilité à associer les mots entre eux, mais, lorsqu’il s’agit de se poser des questions sur soi et de raconter les choses réellement, comme elles se sont passées, cela devient plus complexe.

Tu écris pour le plaisir : tout le temps, parfois, jamais ?

L’écriture était à la base un exutoire. C’est devenu une réelle passion et presque un besoin viscéral. Disons que c’est tout le temps, le jour, et souvent la nuit.

Si tu étais un fruit, que serais-tu ? Une activité ? Un lieu ? Une librairie ? Un vêtement ? Un animal ? Un livre ? Une couleur ?

Une châtaigne : hérissée de piquants, intouchable, mais tendre, sucrée et douce à l’intérieur ! Une activité ? La danse classique bien sûr !  Pour le lieu, je serais la Nouvelle-Orléans pour sa cuisine épicée et singulière, son brassage des cultures française, africaines et américaines, Mardi Gras, le carnaval, les défilés costumés et ses fêtes de rue, et l’esprit festif de la ville. Tout une vie remplie d’art ! Une librairie ? surement la librairie Dominicaine de Maastricht, fondée dans une ancienne église gothique, mêlant ancien et nouveau style. Pour le vêtement, j’ai beaucoup de mal à me décider : je porte énormément de styles différents, selon l’humeur en fait 😊 J’hésite entre la louve et la tigresse, même si les deux espèces se ressemblent en bien des points. Le premier vrai roman qui m’a transportée, c’est Fleurs captives, de Virginia C Andrews. Pour la couleur, sans hésitation : le noir, pour ma part sombre, mais aussi parce qu’on peut y associer toutes les autres couleurs

Tu es une autrice de la Vallée des Mots depuis un peu moins d’un an maintenant. Tu aimes ce partenariat avec nous ? Tu veux en dire quelque chose ?

Novice dans l’écriture et la publication, j’avais lu tout un tas de mauvais retours sur les premières expériences des auteur·ice·s débutant·e·s avec les maisons d’édition. Et puis toi, Ed, tu as su me rassurer, me guider pour toutes mes questions et doutes (rires : oui… il y en avait beaucoup) que j’ai pu avoir. Je souhaite à toustes les nouveaux auteurs, les nouvelles autrices, de trouver quelqu’un·e qui les accompagnerait aussi bien.

Je sais que tu aimes particulièrement l’histoire et les récits historiques. Tu veux nous en parler ? Comment fais-tu tes recherches ?

J’aime particulièrement les récits concernant la Seconde Guerre, puis toutes les années d’après-guerre, ces moments où il a fallu être collectivement fort·e·s et reconstruire malgré toutes les difficultés de ces temps troublés. Les personnes – pour la plupart – de cette époque sont des modèles dans bien des domaines, je pense.
Je fais des recherches sur le net, mais je préfère retrouver dans de vieux bouquins des infos vérifiées et authentiques. Et puis, à mon sens, les vieux bouquins ont un charme qu’internet n’aura jamais.

Sur quoi travailles-tu actuellement ? Et dans un futur proche ?

Je viens de finir une nouvelle fantastique, mélange de temps anciens, de magie, de voyages spatio-temporels et de croyances. Ce n’est pas mon domaine d’écriture d’origine mais, contre toute attente, j’y ai pris beaucoup de plaisir.
Je reprendrai ensuite l’écriture du “tome 2”, que j’aime appeler pour l’instant le Journal d’une partie d’Elle·s.

Tu es d’ores et déjà invitée à un Salon du Livre ! Tu veux nous en parler ? Je suis sûr que beaucoup aimeraient te rendre visite !

La ville d’Hagondange organise un salon du livre féminin en février 2023. Le fond de mon journal traite avant tout de la condition des femmes et de leurs combats quotidiens, de leurs paroles. Ce sera un honneur d’aller défendre mon livre dans ce salon auprès d’un jury, et d’aller à la rencontre du public !

Est-ce que tu as quelques petits secrets à nous confier ? La parole libre est à toi 😊

J’aimerais te remercier, avant toute chose, Ed !! Mon journal n’est pas quelque chose de facile à défendre et à vendre, et pourtant tu le fais… et même très bien. Tu en as complètement compris l’essence.
J’aimerais que ce livre serve avant toute chose à aider ceux et celles qui pourraient se retrouver dans l’une des situations évoquées au fil des mots. Que ce soit pour libérer des maux, une parole, ou simplement se sentir moins seul·e·s face à des émotions que, d’ordinaire, on préfère taire.
Merci également pour votre confiance à toutes et tous !!

< L’hologramme du livre de Lisa Carmen disparaît, et se rabaisse l’écran brinquebalant. Il y est écrit, en grosses lettres noires, mais qui brillent d’une lueur intime : « PRÉCOMMANDEZ MAINTENANT » >

< Alors qu’éclatent les vivats enthousiastes, Lisa prend le temps de savourer, comme Ed, le Bibliovore, cet instant inaugural. Iels sirotent ensemble le Mousseux des Sous-bois, en picorant allègrement dans les douceurs à l’endive. >

Il est temps pour nous de descendre de scène et de nous mêler à la foule ! Amusons-nous, maintenant !

UPDATE
Pour préserver le ton et la narration de cet article, nous ne souhaitons pas mettre à jour le texte ci-dessus.
Cependant, la précommande est bien terminée, et le livre est disponible sur notre boutique !

Lisa Carmen
Journal d'une partie de nous

Et demain, alors ?

Haha, jamais nous ne saurons de quelle matière demain sera fait ! Alors revenez nous voir à ce moment-là, pour ouvrir la prochaine surprise ! Pour sûr, la fête battra encore son plein dans la Vallée des Mots.

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