Voici venir Un Printemps Draconien !
Au sommaire d'Un Printemps Draconien
- La Cérémonie de l’Harmonie, de Cécilia Perrot Gilbert
- Genèse, de Théo Ferroni
- L’Île de Salomon, de Qat2kx
- Pareillement à la mousse, de Line Hautefontaine
- Le Château de la Vallonnière-Depêret, de LAncoLibre
Préface au recueil : Une introduction à ces pages fantaisistes
Il faut bien avouer une chose dès l’abord de ce recueil, c’est que les nouvelles présentées en ces pages sont éminemment sombres. Paradoxal, peut-être, quand on sait que ces textes sont issus d’un concours de nouvelles co-organisé par nos deux maisons d’édition sur le thème du Printemps !
C’est en novembre 2022 que l’idée germine, alors que le froid s’installe brutalement, dans les têtes rieuses des dragons et dracènes de Lézard des Mots. « Tiens, et si on faisait un concours de nouvelles ? On adorerait ça ! Et, pourquoi pas sur le thème du Printemps ? Mais quelle bonne idée ! » Ni une ni deux, un p’tit coup de fil transplanaire à la copine JS, et voilà que l’appel à textes fuse partout.
Pour Lézard des Mots, à la structure toute récente et à la visibilité encore à construire, le succès statistique de ce concours a été à la fois rassurant et agréable : relayé par le site Textes à la Pelle, que nous souhaitons remercier et saluer au passage pour leur travail, l’appel à textes a été lu plus de 1240 fois à l’heure où nous écrivons ces lignes… Incroyable pour un petit site débutant, et très motivant. Merci à toutes les personnes qui sont venues lire notre prose… et notre règlement !
Plus d’une trentaine de textes ont été reçus, et certains étaient d’une qualité rare. Comme toujours, quelques petits malins ont cru bon de tenter d’outrepasser — voire d’attaquer — les lignes éditoriales des deux maisons d’édition, qui devaient être respectées ensemble. Mais les dragons veillent et, malgré leur bienveillance proverbiale, peuvent parfois crachoter quelques flammèches !
Nous avions prévu de publier, comme le stipulait le règlement du concours, cinq textes nominés parmi tous ceux que nous aurions reçus. C’était prévu… et comme souvent, tout ce qui est prévu est presque fait pour être chamboulé. Par la force des choses, ce que nous regrettons, nous n’avons pas pu publier le cinquième texte qui devait rejoindre ces pages.
Quelles étaient les contraintes ?
Il fallait que le Printemps soit à la fois le cadre et l’inspiration des nouvelles, qui devaient totaliser plus de 8000 mots et être écrites dans les genres dits de SFFFH (pour Science-Fiction, Fantasy, Fantastique et Horreur), le tout en s’inscrivant dans les deux projets éditoriaux des maisons organisatrices. Et nous ne nous arrêtions même pas là, puisque nous avons eu l’audace d’exiger des nouvelles à chute !
Nous avons commencé ce texte en signalant la noirceur des lignes qui sont imprimées séant. En effet, les auteurices sélectionné·e·s n’ont guère pris de pincettes avec les stéréotypes, se contentant de purement et simplement les battre en brèche, pour notre plus grand plaisir — et, gageons, pour le vôtre ! Ce recueil est conçu selon un parcours initiatique, qui débutera par ce à quoi vous vous attendiez pour symboliser le printemps.
Cécilia Perrot Gilbert nous offre un printemps qui a l’air naturel, stéréotypé, parfait dans toute sa douceur et sa Cérémonie de l’Harmonie… jusqu’à ce que même cette image d’Épinal se trouve rattrapée par la cruauté humaine, et tordue. Elle explore le devenir d’une société qui a su se reconstruire, passer outre, surmonter les affres de la guerre et de l’égoïsme pour trouver une forme de symbiose entre toutes ses parties. Mais les égos ne restent jamais longtemps silencieux, à l’image des bombes des temps anciens.
Déjà exsangue, vous débouchez sur ce qui vous semble être une clairière, et relancez de trois. Mais le texte de Théo Ferroni vous tend une embuscade, et déboule sa sublime Azalée, en chasse, à l’affût des effets néfastes d’un Printemps réinterprété. Suivons ses pas doux sur la mousse, parmi les fleurs innombrables des lignes de Théo, jusqu’à dénicher en chacun·e de nous la Bête qui sommeille. Genèse pour certain·e·s, catharsis pour d’autres, son encre végétale vous plongera dans un univers chamarré.
Et vous voilà maintenant, au détour d’un bras de mer masqué par les arbres millénaires, sur l’Île de Salomon. Qat2kx vous accueille dans un texte touchant, tout en nuances et en facettes, empreint d’une originalité très spécifique. Non contente de respecter les consignes, Qat se débrouille pour les parodier dans une réflexion méta sur les apprentissages et les initiations, avec une ambiance tant mystique que technologique. Vous aurez envie de rester sur cette île.
… Mais vous ne pourrez pas ! Car ce printemps-là, Pareillement à la Mousse, n’est pas fait de la même matière que les rêves les plus doux. C’est un rêve qui brûle, qui explore une époque achronique au goût de débuts de l’humanité, sous le clavier lunatique de Line Hautefontaine. Vous serez perturbé·e, c’est évident, et c’est salutaire. Vous vous étonnerez de la langue qu’elle vous propose, à la verve acerbe et au verbe dur, des réflexions qu’elle met en place. Ne vous perdez pas trop longtemps chez les farasias…
Car vous attend le Château de la Vallonnière-Depêret, dans toute sa majesté et son onirisme, pierre d’étape symbolique et littérale posée comme dernier jalon de votre parcours dans la Vallée des Mots par LAncoLibre, l’instance auctoriale de Lézard des Mots. Vous y apprendrez à lire des pierres, banales ou non, et suivrez Madlena dans un huis-clos en monde ouvert, à la recherche des ombres de ses souvenirs. Et, avec elle, vous reviendrez doucement au monde réel qui nous entoure encore.
Ouvrez les yeux, regardez comme les couleurs sont belles !
Vous viendrez nous voir à nouveau en été ?
Ed le Bibliovore