Lézard des Mots

Rencontre avec Angela Giuliano

L'An deux mil vingt et deux et le six du mois de décembre au quarantième étage de la BNM

Pour le sixième jour de notre Calendrier de l’Avent – l’Ancalendrier – j’ai le plaisir de céder, encore une fois, la parole à Ed, le Bibliovore. Faut dire qu’il est trop fier de présenter aujourd’hui Angela Giuliano, qui est historiquement la toute première autrice de Lézard des Mots. C’est grâce à elle, sur l’impulsion du travail qu’elle a confié aux soins de Drakôn – qui était seul à l’époque – que la Vallée des Mots est ce qu’elle est aujourd’hui.

Elle est l’autrice du Grimoire, premier volume d’une série qui devrait compter trois ou quatre tomes, les Voyages au-travers des Portes du Temps. Elle travaille en parallèle sur un autre projet, pour adultes cette fois.

Allez, fonçons accueillir cette personnalité toute chaleureuse !

Que se raconta-t-il ce jour-là ?

Bonjour à toi, autrice de la Vallée des Mots ! Confie-moi tes affaires. Je vais les disposer dans le casier prévu à cet effet, juste là.
Nous allons prendre cette table-ci, on sera bien décontract’. Je te fais apporter un café ? Nous avons réussi à t’en concocter. C’est un plaisir de te recevoir ici, au quarantième étage de la BNM. Sémaf’ trépignait d’impatience, surtout après l’animation d’il y a quelques jours, avec la visite de Jeanne Sélène !

<En vérité, le café ne pousse pas dans la Vallée des Mots. Il s’agit vraisemblablement d’un café d’endives torréfiées. De la Chi-co-rée ? En tout cas, ça a l’air délicieux.
Le quarantième étage de la BNM – pour Bibliothèque Nationale des Mots – est dédié à une présentation muséale des œuvres éditées par Ed, le Bibliovore. Il en prend grand soin. À la droite de l’autrice, il y a un mur entier consacré à son premier ouvrage, tout de bleu paré.>

Installe-toi je t’en prie. Je vais aussi demander d’apporter une petite collation.

< Par les grandes fenêtres en ogive qui courent tout autour du bâtiment, Angela aperçoit le même temps hivernal que celui qu’elle a traversé, escortée par Camille le Passeur-Dragon, pour arriver à la BNM. Les lieux sont illuminés par d’innombrables lampes magiques qui flottent dans les airs, entre les grandes travées de bibliothèque. En effet, hors de question d’amener une quelconque flamme ici ! >

On t’appelle Angela Giuliano. C’est ton nom de plume, ton nom d’autrice, ton identité d’écriture. Pourquoi cette consonnance italienne ? C’est quelque chose d’important pour toi ? Parle-moi de toi librement !

C’est mon nom de naissance, d’abord, et Angela est mon deuxième prénom ! Il réunit mon grand-père et ma marraine. Il y a tout un attachement à une sorte de roman familial, d’une famille déracinée de la Sicile, venue en France pour trouver du travail… Enfin. Plein de choses.

Oh, mais j’en oublie mes bonnes manières. Tu veux que je nous mette quelque chose à écouter comme ambiance ?

La musique me permet de m’évader, surtout les musiques zen, dites celtiques, ou les musiques d’ambiance. J’aime beaucoup écrire en musique, c’est même nécessaire, en vrai, pour moi. J’aime plein de choses, mais… quand j’écris, quand j’ai besoin de me replier sur moi-même, je choisis de la musique sans parole, ressourçante.

< Ed, le Bibliovore, annonce à voix haute l’ambiance qu’il propose, et la sono du quarantième étage prend le relai, diffusant doucement, comme un fond agréable, une musique qu’il est sûr que l’autrice aimera. >

Que fais-tu dans la vie, Angela ? Tu écris, ça je sais. Mais quoi d’autre ?

Je suis assistante dentaire. J’aime la chirurgie, mais ce que j’aime le plus dans mon métier, c’est le rapport à l’être humain. Accompagner, être dans l’empathie, dans le care et le soin… c’est ce que j’affectionne le plus dans mon quotidien.
Il y a autre chose ! Je dessine également chaque jour : pour moi, c’est complémentaire à l’écriture. Il y a des choses que je ne peux exprimer par l’écriture, alors je les mets sur papier autrement, par mes couleurs, ma peinture…
C’est l’image, le dessin, qui nourrit mon imaginaire littéraire plutôt que l’inverse !

Tu me dessines un mouton ?

Oui, si tu veux.

< Le café d’endives torréfiées est prêt, et une Dracosouris vous l’apporte sur un grand plateau de cuivre. C’est présenté en un verre en métal très haut, muni d’une paille spiralée. Des viennoiseries accompagnent les boissons. Ed, le Bibliovore, se voit servir un bête verre d’encre noire. Des fois, il aime bien. Heureusement que les Dracosouris n’ont pas inversé les boissons favorites de nos deux protagonistes ! >

Tu te spécialises volontiers dans la fantasy pour grands enfants, je crois. Mais as-tu d’autres projets ? Comment t’est venue l’idée d’écrire pour les ados ?

J’ai des ados à la maison, je vis avec eux au quotidien. J’ai toujours aimé raconter des histoires à mes enfants, en les emportant dans mon univers… jusqu’à ce que je décide de les mettre vraiment sur papier, à la suite d’un événement déclencheur dans ma vie.
J’aime beaucoup trop raconter des salades 😝

Que répondrais-tu à quelqu’un·e qui te dirait qu’écrire pour les enfants est un sous-métier ?

Y’a pas de sot métier. Écrire pour les enfants, c’est les initier, les aider à travailler leur imaginaire. Enfin, regarde le monde dans lequel nous vivons, Ed : les enfants méritent qu’on allège leur quotidien, non ?
C’est facile de les faire rêver… et c’est précieux. Autant utiliser cet avantage, et garder la tête dans les rêves pour avancer chaque jour un peu plus, tu ne crois pas ?

Qui est ton auteur·ice préféré·e ?

Haha, ben c’est LAncoLibre… Mais je crois que tu connais, n’est-ce pas ?

Oh ben oui, un·e collègue proche bien sûr ! 🥴
Tu aimes les chips ? Tu préfères les chips salées ou non salées ?

J’aime pas trop quand c’est trop salé. Les non salées ?

Est-ce que tu pratiques la peinture ? Quel est ton rapport au monde de l’illustration ?

Oui, je pratique la peinture, l’aquarelle, la gouache, l’acrylique, tout ce qui s’étale, tout ce qui colore ; … sauf la confiture ! C’est une composante énorme de ma vie, j’avais même fait la déco des murs de la chambre de mes enfants, dans notre ancienne maison.
Je peins là où je peux, dès que je peux, c’est simple !

Quel est le projet dont tu es la plus fière ?

C’est Le Grimoire, eh. D’avoir pu aboutir, d’avoir pu le faire éditer, le partager, le voir prendre son envol… c’est vraiment comme le livre dont je parle à l’intérieur de l’histoire, il est devenu magique, et il me permet de tenir une certaine promesse.

Mais dis-moi… Mettons que je veuille acquérir ton ouvrage, Le Grimoire, pour ma jouissance personnelle. Évidemment, comme tu le constates, il est déjà en bonne place dans notre Bibliothèque Nationale des Mots ! Mais pensons à nos chers publics des Royaumes Extérieurs. Comment faire pour acheter ton livre ?

< Les Royaumes Extérieurs désignent l’endroit où vivent habituellement les humain·e·s, en-dehors de la Vallée des Mots. >

On peut le trouver dans quelques lieux de proximité. Je sais que tu es très attaché à l’aspect local, Ed 😋 On le trouve ainsi à Bleue comme une orange, Au fond du Coffre, Momie Kids, à Lyon, ou encore à la Librairie du Lycée à Feurs. J’aime qu’on puisse l’acheter auprès de quelqu’un·e qui a parlé directement avec toi, Ed ! Et on peut aussi le trouver directement auprès de la BNM, non ?

Comment te vient l’inspiration ? Est-ce que tu arrives à écrire « sur commande » ? Est-ce que c’est de plus en plus facile ?

C’est vraiment de plus en plus facile. Dans mon quotidien, je suis obligée d’avoir toujours des postits à disposition, au cas où une idée me vienne, là, tout de suite ! D’ailleurs… attends, j’en ai une, là. Tu as du papier ?

Est-ce que tu planifies finement tes récits (architecte) ou est-ce que tu te laisses porter par le courant quand tu écris (jardinière) ?

Un peu les deux. Il me faut un mot, une émotion, un déclencheur initial. Mais ensuite, c’est fluide, les mots appellent les mots, et les phrases les paragraphes.

Tu écris pour le plaisir : tout le temps, parfois, jamais ?

Tout le temps. D’ailleurs… c’est le temps qui manque ! Comme dessiner, c’est dès que je peux : j’écris quand une occasion se présente, dès qu’on me laisse tranquille deux secondes. Je pourrais faire ça toute la journée. J’ai toujours un calepin que je traîne partout, et je gribouille toutes les idées qui me viennent, notamment de plusieurs autres romans futurs.

Quel est ton rapport avec la loi sur le prix unique du livre ? Comment perçois-tu la rémunération standard des auteur·ice·s ? Est-ce que tu trouves logique que les parts d’un livre soient majoritairement distribuées entre les frais d’impression, de distribution, et les marges des librairies ?

Tout le monde devrait pouvoir vivre du travail fourni pour propulser un livre… mais où compresser les coûts ? Ou alors est-ce la faute des grands du marché, les énormes maisons d’édition, qui tirent les prix vers le bas et contraignent les petites maisons à vendre trop peu cher ? Ou alors, encore, peut-être qu’on pourrait considérer les livres comme un besoin de première nécessité ?
La culture ne serait-elle pas assez défendue par la société ?

Si tu étais un fruit, que serais-tu ? Une activité ? Un lieu ? Une librairie ? Un vêtement ? Un animal ? Un tableau ? Une couleur ?

Une orange! La peinture. Le bord de mer, le littoral… j’aime bien la mer ! Ah tiens, une île, comme ça la mer m’entoure. Les îles de Maki-Komi ? 😋
Ça m’ennuie de devoir choisir une librairie plutôt qu’une autre ! Toutes les librairies méritent d’être choisies.
Une chemise !! De n’importe quelle couleur, … je sais pas. Bordeaux ? Bleu, rose poudré ?
Un chien ! Non – un cheval ! Bon, un chien-cheval ?
Je déééteste Picasso, en tout cas. Sinon, un paysage. Ah, c’est pas facile. Un Rembrandt ? Mais vraiment j’insiste : Picasso c’est tout déformé ! Ah, vraiment, comment faire avec ces formes, là ? Cette question m’embête ! Je ne ressens rien avec quelque chose qui n’est pas dans l’émotionnel, dans l’immédiat tactile.
Aussi, je détesterais donner le nom d’un·e artiste connu·e, alors qu’il y a tant de talents ignorés. Pour la couleur, enfin, le jaune ! Parce que c’est lumineux, tout simplement.

Tu es une autrice de la Vallée des Mots depuis… oh grand Drakôn, depuis deux ans maintenant. Tu aimes ce partenariat avec nous ? Tu veux en dire quelque chose ?

Toi, Ed, tu es un éditeur tout à fait à l’écoute, j’aime ton personnage, ton aide dans mon amélioration. Tu trouves toujours comment améliorer ce que je sais faire de mieux, tu sublimes ce que je suis en mesure d’apporter. Oui, j’aime ça. De bons conseils, de la patience, de la tempérance… Oui. C’est tout bon.

Sur quoi travailles-tu actuellement ? Et dans un futur proche ?

Je suis sur la fin du Tome 2 des Voyages, j’ai commencé la trame du tome 3. En parallèle, j’ai commencé l’écriture d’un roman policier, pas pour les enfants cette fois-là. C’est une histoire qui pourrait arriver à n’importe qui… mais je vous en dirai plus plus tard !

Est-ce que tu souhaites revenir sur la dédicace que nous avons eu la chance de pouvoir organiser avec Momie Kids ? J’adorerais avoir ton retour ! Est-ce que tu t’attendais, en envoyant ton manuscrit à la Vallée des Mots, à te retrouver là-bas, discutant aimablement avec des enfants ravi·e·s de te voir griffonner un p’tit dragon – très bien d’ailleurs ! – sur leurs pages, et excité·e·s à l’idée de lire TON livre ?

J’ai a-do-ré. J’ai appréhendé, pour être honnête, mais j’ai finalement adoré. Les yeux dans les yeux avec les enfants qui allaient me lire, qui allaient parcourir le monde que j’ai élaboré, c’était magique. Et, non, je m’y attendais pas du tout ! C’était un véritable moment hors du temps. Tout ça a pris une tournure fort réelle !

Est-ce que tu as quelques petits secrets à nous confier ? La parole libre est à toi 😊

J’ai des envies d’amener ce monde vers un jeu de plateau, mais shhhhuuuuut…

< La lumière de l’après-midi resplendit d’un coup à l’extérieur, et le brouillard se lève, chassé par un vent qui a l’air soutenu.
Suivant l’exemple d’Ed, le Bibliovore, Angela termine de déguster l’aimable collation qui lui a été servie. >

Il est temps pour moi de te raccompagner ! Un certain dragon requiert ta présence… Sais-tu que Manahau est venu habiter ici depuis quelques temps ? Je me demande bien pourquoi il est là… Tu as une petite idée ?

Moi, je sais pourquoi il est là ! Il doit sûrement avoir besoin de se ressourcer dans la Vallée des Mots… tu sais, il est entré en stase récemment, il lui est arrivé plein de choses difficiles dans le tome 2… Il a sûrement besoin d’être protégé, entouré par des dragons qui le comprennent et le soutiennent.
Ou alors, c’est pour regarder les étoiles ?

Et demain ?

Haha, jamais nous ne saurons de quelle matière demain sera fait ! Alors revenez nous voir à ce moment-là, pour ouvrir la prochaine surprise ! Pour sûr, la fête battra encore son plein dans la Vallée des Mots.

Visitez l'extraordinaire Vallée des Mots

Un serveur Discord, habitat des dragons et dracènes de ces pages
Discord

Laisser un commentaire

error: Le contenu du site est sous droit d\'auteur·ice, merci.