Jour 7 - Extrait de texte
J’en ai parlé dans ma Bûche Zéro Zéro, les Rêveries du Multivers appartiennent à mon hypercycle Vois la Voie de la Voix. Parmi ces Rêveries se trouvent plusieurs textes qui parlent de l’hiver (eh oui, il s’avère que je suis souvent victime d’une obsession quant au froid et à la neige, c’est vrai). C’est ceux-là que je vous propose de découvrir début décembre, également pour vous introduire à la découverte, plus lointaine, d’autres extraits, plus longs, du tome 1 de la Sage Saga de l’Octosystème.
La neuvième rêverie, que je vous propose aujourd’hui de lire – et d’écouter – est la suite de la Rêverie 8 – La neige danse. Si vous n’avez pas consulté ou écouté la huitième, je vous conseille d’abord de le faire !
Nous retrouvons l’apprentie shamane dont c’est le premier hiver à lutter contre les éléments. Dans la Rêverie 8, elle avait fini par flancher, terrassée par la dépense énergétique inconsidérée et par son manque de préparation à la dureté de son épreuve, le nom de sa fille aux lèvres, et son visage en premier plan dans son esprit.
Quelques clés de worldbuilding / lore :
- Il y a d’autres éléments de lore dans l’intro à la Rêverie 8 ! J’ajoute ici uniquement ce qui est nouvellement évoqué par ce texte-ci.
- Les Phénix : dans l’Octosystème, il n’y a pas que les humain·e·s qui ont fait société. D’autres sociétés animales existent, en particulier sur Métissa et Raïta. Les phénix font partie de ces espèces qui ont su s’affirmer en tant qu’espèce équivalente à l’humanité, comme les dragons. Certaines de ces espèces qui ont le privilège de prétendre à faire “nation”, à faire “société”, vivent à l’écart de l’humanité, mais en bonne entente, d’autres se fondent, comme c’est le cas des marrezzi, dans les populations humaines. D’autres encore vivent complètement recluses, comme les cornegolies, les dragons… et justement les phénix.
- La magie, dans l’Octosystème, est très répandue, mais de façon disparate. Sur Nostraterra, la vieille terre, berceau de l’humanité, elle est très peu répandue, mais, à l’inverse, Métissa et Neïsita permettent d’observer des taux records de créatures magiques. Certaines espèces présentent des taux de “dilution magique” (on désigne ainsi le ratio entre les individus pouvant utiliser la magie et ceux ne le pouvant pas dans une même espèce) élevés, d’autres quasi nuls. Ainsi, les phénix ont un taux de dilution quasi nul : tous les phénix peuvent utiliser la magie.
- L’humanité présente un taux de dilution extrêmement important : seules de rares personnes peuvent l’utiliser.
- Certains individus, de quelque espèce que ce soit, ont des affinités pour un élément ou un autre. Certains groupes, ou certaines espèces, utilisent un élément très déterminé, voire ne peuvent utiliser qu’un seul élément.
- Il y a, dans l’Octosystème, une opposition entre “magie académique” et “magie des peuples”. L’une est très normée, codifiée, soumise à la pratique d’incantations, et se base sur la connaissance des théories magiques, l’autre est plus sauvage, libre, chaotique, liée à l’instinct, et se base sur la connaissance de soi et de son environnement, voire sur une mystique particulière.
- Il existe, parmi les “magies académiques”, différentes “écoles” (à rapprocher des écoles philosophiques). Celles-ci se spécialisent souvent dans un élément ou un domaine.
- On désigne par “domaine” un ensemble de compétences magiques. Il y a cinq domaines : la déchirure, l’alchimie, l’anima, la psychè et le cosmos. Ces domaines se subdivisent ensuite en quatre cercles, pour un total de vingt. Certains cercles sont inaccessibles aux mages lambda, et ne sont utilisables dans les faits que par les dea.
- Les phénix, bien sûr, ont des affinités avec l’élément feu et l’élément jour.
- Le phénix qui aide notre protagoniste dans ce texte est le père de Feudor, un phénix qui sera lié à Aïtée Delallanura.
- Le titre de la Rêverie, De feu et de neige, est bien sûr un hommage à A Song of Ice and Fire.
Rêveries du Multivers
9
De feu et de neige
Aggra ! Aggra ! sanglotait-elle.
Elle sentait le clan s’éloigner, se savait en-dehors du réconfort de la chaleur providentielle suscitée par les shamanes. Elle savait qu’elle allait geler sans possibilité de recours.
Elle revit le sourire de sa fille et l’inscrivit comme au fer rouge dans sa conscience, aussi fort qu’elle le pouvait, jusqu’à en souffrir avec tant de douleur que la sensation la réchauffait presque. Elle avait faim, elle avait froid, elle était transie, gelée, paralysée, et son sang s’immobilisait. Aggra et la glace s’éteignaient. Sa conscience la fuyait.
Elle fit un rêve, perdant la raison, perdant la vie.
Un vol de feux follets enhardissait l’horizon, jetant des soleils alentours et jusqu’au firmament cristallisé de flocons denses. Des cris perçants, de la chaleur, de la lumière, et le vent qui se taisait. L’hiver saluait ses maîtres qui avançaient dans les cieux espacés, dans leur gloire la plus sereine, la plus haute, dominant de leur puissance sacrée les éléments que toutes les saisons déployaient avec tant de vigueur.
Elle vit une des flammes piquer vers elle et l’emporter dans sa course, réchauffant ses sens meurtris et apportant bienfaisance. Elle entendait des mots se moduler dans les sons de flûtes que l’oiseau fabuleux fredonnait pour elle. « Avance, avance, et cherche le printemps. En la nuit, dans la terre, il est là et te cherche. » disait-il, reprenant un des adages de son peuple.
Les phénix ouvraient la voie, défaisaient le froid devant eux et leurs ailes glissaient élégamment dans les airs.
Le texte mis en ambiance
J’ai enregistré deux textes en un seul sur cette vidéo, à cause de l’évident suspense à la fin de la Rêverie 8. Si vous avez raté cette case de l’Ancalendrier, lisez, écoutez, avant !
Et demain ?
Demain ne se fera pas en un jour, et nous ignorons tout encore de sa substance. Alors, revenez demain, ouvrir la prochaine surprise ! Ce qui est certain, c’est qu’il y en aura encore une et que la fête n’est pas finie pour la Vallée des Mots.
