Lézard des Mots

Rencontre avec Le Calembourgmestre

L'An deux mil vingt et deux et le dix-sept du mois de décembre
Bibliothèque Nationale des Mots, 40ème étage, à l'écart des travées principales

Les Éditions Lézard des Mots sont très éclectiques, vous l’avez sûrement déjà remarqué. Ed, le Bibliovore, revendique volontiers ce trait – très – particulier de sa personnalité.

Alors, quand il m’a parlé de ce projet, avec Le Calembourgmestre, de mettre sur pied un manga, ai-je été dans la surprise ? Dans l’incompréhension ? Dans le choc ? Que nenni, vous vous en doutez ! Je savais bien qu’il aimait ça. Je savais bien qu’il finirait par en avoir envie !

Laissons-lui la parole, pour une interview de plus, truculente à souhait, avec un des auteurices de la Vallée des Mots !

… Mesdracocènes, je vous donne… Le Calembourgmestre !

Que se raconta-t-il ce jour-là ?

< Le brouhaha et la presse règnent lorsque le Calembourgmestre émerge de l’ascenseur principal de la BNM. Il a même dû se frayer un chemin parmi les caisses de fournitures, les ingénieur·e·s bibliothécaires, et se tasser avec tout ce petit monde dans un coin de la plateforme de levage magique. >

< Ed, le Bibliovore, est là pour recevoir le personnage VIP. Et le voilà ! Bon, il est pile à l’heure, se dit notre Bibliovore. Il a dû avoir du mal, c’est à saluer. >

Bonjour à toi, auteur de la Vallée des Mots ! Tu peux déposer tes affaires dans ce casier, comme il est coutume. Bon, peut-être pas Roger, sinon il va être insupportable et on va devoir s’occuper de lui. Au lieu de discuter tranquillement. Tu crois qu’il va nous laisser parler sérieusement ? Ou va-t-il commenter allègrement tout ce que nous disons ?

Merci bien ! Vu qu’il a l’air gonflé à bloc, je ne garantis rien. En général, le mettre devant la télé suffit à le tenir tranquille.

Je nous ai réservé cette table, là, un petit peu à l’écart de toute cette agitation. Oh, je dois bien dire que c’est un plaisir de te recevoir ici, au quarantième étage de la BNM, même si l’ambiance est aux préparatifs. Drakôn nous a sermoné·e·s : tout doit être prêt « dans-les-temps » !

< Une petite table ronde, napée de velours, attend nos deux hurluberlus dans un coin en retrait d’une des travées principales. Ils marchent vers cet endroit, évitant adroitement les Dracosouris qui courent partout, amenant ou rapportant divers éléments. La scène principale, près de l’ascenseur, est sens dessus dessous.
Le quarantième étage de la BNM, toujours dédié en particulier aux œuvres éditées par Ed, le Bibliovore, doit apparemment accueillir un événement majeur dans quelques jours… Partout, on installe des tables, des fauteuils, des projecteurs magiques, des dispositifs variés, des affiches et posters, on amène telle caisse, on dresse des poteaux… >

Qu’est-ce que je te fais servir ? On grignote quelque chose aussi ? Endives, ou endives ?

Juste un café bien chaud, si possible ! Pas d’endives par contre, sinon Roger va encore faire des sous-entendus douteux…

< La table que le Bibliovore et le Calembourgmestre occupent est située près de hautes fenêtres à ogive, et la lumière de l’extérieur, crue et vive, tombe en biseau sur la nappe. Ils sont forcés de hausser un peu la voix pour couvrir le bruit général. Peut-être qu’un peu de musique pourrait les aider à s’isoler plus tranquillement ! >

Dis-moi, que veux-tu écouter ? J’aimerais bien nous mettre un petit quelque chose à écouter comme ambiance !

Huuuum… eh bien pourquoi pas la Sicilienne pour violoncelle et piano, de Gabriel Fauré ? Tu connais ?

< Ed, le Bibliovore, acquiesce gravement. Très beau choix, commente-t-il, avant de requérir à voix haute la lecture de l’œuvre en question. C’est la magie de la BNM qui fait le reste, et la musique se joue, même si elle est entrecoupée par les bruits qui viennent des travées principales et du centre de l’étage. >

Ah, j’adore Fauré, je te remercie. On t’appelle Le Calembourgmestre. C’est ton nom de plume, ton nom d’auteur, ton identité d’écriture. Pourquoi cette référence à un bourgmestre ? C’est quelque chose d’important pour toi ? Et c’est qui au juste ce machin que tu trimballes, et que tu appelles Roger ? Parle-moi de toi librement, explique-moi tout !

Haha, très bien. Le Calembourgmestre est à la base un jeu de mot venu spontanément un jour où je révisais pour des partiels. Aucune attirance pour le terme de bourgmestre en particulier ! Le jeu de mot me faisait bien rire et me correspondait assez bien concernant ma propension aux calembours idiots…
Concernant ce cher Roger… le terme qui le caractérise le mieux est ”un accident”. Ayant trop tendance à partir dans des idioties, j’ai souhaité trouver un moyen de séparer mon côté farfelu pour pouvoir rester sérieux plus longtemps… hélas, ce côté farfelu s’est retrouvé enfermé dans un ballon, qui a pris vie ; devenant ainsi Roger, un ballon aussi zinzin qu’insupportable, mais toutefois doué pour trouver des idées de caricature assez inattendues.

Tu me dessines un mouton ?

Pourquoi p… AH, Il semblerait que Roger soit déjà en train de préparer une bêtise…

Grands dieux. Ohlàlà.

< Une Dracosouris à l’air pressé déboule avec un plateau cahotant. Un miracle qu’il ne se soit pas renversé ! Elle dépose, devant les deux personnages de notre histoire, leurs boissons – dont un ersatz de café à base d’endives évidemment – et quelques fruits et douceurs. >

En dessin, tu te spécialises volontiers dans la caricature. Mais est-ce que parfois tu dessines autre chose ? Comment t’est venu cet amour de l’humour potache ?

Pour être honnête, j’ai toujours préféré faire des illustrations plus ”sérieuses” car je suis assez souvent dans une optique de recherche du ”beau”… ce qui est assez épuisant, étant excessivement attaché aux détails.
La caricature était justement moins ”prise de tête”. C’est un format plus simple que je peux mettre au service de mon côté taquin et un tantinet provocateur, ce qui m’aide à y prendre un certain plaisir.
Concernant l’humour potache, c’est selon moi un humour universel, que tout le monde peut comprendre. En toute sincérité, j’y suis assez faible, ce qui explique que j’aime bien m’en servir !

Que répondrais-tu à quelqu’un·e qui te dirait que dessiner ne sauvera pas le monde de sa torpeur ? Que l’art est inutile ?

Oulah! Hahaha.
Alors, réponse courte : je suis d’accord.

Eh bien, merci pour ta confirmation 😉😱

Attends, attends !

Réponse longue : Dessiner ne sauvera pas le monde d’une torpeur, d’une lassitude. Au mieux, l’art peut selon moi faire rire, ou réfléchir, ce qui peut potentiellement amener à une éventuelle action.
Concernant l’utilité de l’art, c’est un autre débat. Pour bien y répondre, il faudrait définir ce qu’est l’art. Certes nous ne répondrons pas à cette question ici… car il n’y aura jamais assez de café – même à l’endive ! Pour rester bref, je pense que l’art, c’est la recherche du beau (qu’il soit esthétique ou autre, même si, encore une fois, ce n’est pas la question) et qu’il n’est utile quand dans le cadre d’une construction personnelle. Dire que l’art est inutile est à la fois vrai et faux. Vrai car rechercher le beau ne permettra pas de résoudre des problèmes comme les maladies incurables ou les conflits politiques. Faux car il est utile pour se développer soi-même et dans certains cas permet d’apprendre des compétences qu’on aurait laissées de côté si l’on n’était pas dans cette optique de la recherche du beau.

Qui est ton auteur·ice préféré·e ? Ton·a dessinateur·ice préféré·e ?

Je n’ai pas vraiment d’auteur·ice favori·te, mais si je devais nommer des œuvres m’ayant marqué, je dirais des polars ou récits d’enquête comme ”La Valse des Gueules Cassées” et les récits comme ”Hercule Poirot” et ”Sherlock Holmes”. En dessinateur, papillonnant de contenu en contenu, je n’ai pas de préférence poussée, mais pour les caricatures, Gotlib et sa Rubrique à Brac sont une valeur sûre !

Tu aimes les chips ? Tu préfères les chips au vinaigre ou au paprika ?

Oui ! Les deux, mon général !

Est-ce que tu pratiques la peinture ? Est-ce que tu dessines avec des moyens traditionnels aussi ?

Je dois avouer que je suis un bien piètre peintre… pour ne pas dire exécrable. Je n’apprécie pas vraiment l’outil qu’est le pinceau, que je troque volontiers contre un stylo bille noir. Je dessine à la fois sur ordinateur et de manière traditionnelle.

Est-ce que tu pratiques une autre forme d’art ?

Tu me fais penser qu’il faut que je me remette incessamment à l’écriture, que j’ai abandonnée au lycée pour le dessin ! Par ailleurs, je suis assez bon en modelage.

Quel est le projet dont tu es le plus fier ?

Je dirais que pour le moment, ma fierté est d’avoir réussi à animer deux campagnes complètes d’un jeu de rôle parodique entre amis, en mêlant mes maigres capacités d’imitation vocale, mes dessins et mon goût pour la narration.

Mais dis-moi… Voudrais-tu parler de ton projet à venir, les Parades de la Perdition, sur lesquelles tu travailles d’arrache-pied ? Qu’est-ce donc que cela ? Enfin, moi, je sais… mais les personnes des Royaumes Extérieurs…

< Les Royaumes Extérieurs sont souvent à la traîne vis-à-vis des nouvelles de la Vallée des Mots. Les dracocènes tentent de changer ça, mais le mieux, c’est quand même de suivre leurs comptes sur Insta ! >

Aaaaah, effectivement, il serait peut-être bon d’en parler. Pour faire simple, les Parades de la Perdition est un projet de manga que j’ai en tête depuis très longtemps, et que j’ai enfin la possibilité de réaliser grâce à ton aide ! Il s’agirait d’un manga centré sur les péripéties d’une jeune femme nommée Jen Coroa, qui va devoir enquêter sur des événements étranges dans la station spatiale où elle réside, tout en se reconstruisant après la mort de ses parents dans un accident. Il s’agira d’un récit d’enquête, couplé à des éléments de science-fiction et à de l’action. Je n’en dis pas plus, mais espère sincèrement que ce projet aboutira et qu’il plaira au plus grand nombre possible !
< WoW. Incroyable. Ed, le Bibliovore, est soufflé par la beauté de ces traits… même s’il connaît déjà l’œuvre par cœur. Non, mais, pardon, vous avez vu ces détails ? Cette attention au moindre petit truc ? Vous la sentez, la vibe ? Ed, oui. Clairement. >

Comment te vient l’inspiration ? Est-ce que tu arrives à écrire et dessiner « sur commande » ? Est-ce que c’est de plus en plus facile ?

Cela dépend mais, en général, l’idée me vient en prenant deux concepts et en les fusionnant… Toutefois, je suis un adepte des cartes mentales (ou brainstorming, en anglais). Dessiner sur commande n’est pas simple, si je n’ai pas la référence. J’aime plutôt dessiner en ayant une idée établie, pour savoir où je vais. Le dessin en pilote automatique n’est pas évident pour moi.

Est-ce que tu élabore dans les moindres détails (attention au diable ! chut, Roger, couché !) tes récits (architecte) ou, au contraire, est-ce que c’est plutôt l’invention qui te traîne et qui t’emporte (jardinier) ?

< Le Calembourgmestre jette un œil discret à Roger, qu’on a pris soin d’installer dans un petit fauteuil non loin, avec un écran de télévision holographique. Il a l’air passionné par le programme de BNMTV. >

Ouf, c’est bon, il est concentré sur sa télé ! Alors, à vrai dire, c’est un peu des deux. Imagine plutôt la chose comme ceci : je prévois une architecture comme un tuteur pour qu’une fleur s’y accroche, mais laisse la fleur pousser à sa manière, quitte à raccourcir ou couper des branches si besoin. C’est un peu pareil avec mes idées. Je cherche une base par carte mentale, puis laisse parfois quelques idées venues sur le tas s’épanouir, quitte à intervenir plus tard.

Tu écris, tu dessines, pour le plaisir : tout le temps, parfois, jamais ?

Je dessine de manière thérapeutique, en un sens, c’est la seule chose que je sais faire, et le faire me permet de penser à autre chose que le quotidien ! (Bon y’a aussi la carotte de pouvoir un jour faire un artbook regroupant des dessins que je considère comme beaux.) L’écriture serait par plaisir, mais j’ai perdu l’habitude de pratiquer cet exercice. Paradoxalement, je dessine peu pour le plaisir, car étant pointilleux de manière plus qu’excessive, ce qui commence comme un dessin détente se finit systématiquement en prise de tête !

Quel est ton rapport avec l’idée d’un mécénat d’artiste ? C’est quelque chose qui devrait exister selon toi?

Le fait qu’une personne riche aide un·e artiste à vivre de son art est louable, mais cela peut apporter une éventuelle auto-censure de la part de l’artiste, qui se mettra peut-être à créer du contenu qui plaira au mécène, avant de lui plaire à elle/lui.

Si tu étais un fruit, que serais-tu ? Une activité ? Un lieu ? Un philosophe ? Un vêtement ? Un animal ? Un tableau ? Un livre ? Une couleur ?

… AH OK là c’est le moment du burger de la mort c’est ça ?!
Attends ! … Alors, euh, une noix ! … Le dessin ? Hahaha. Un café dans une ville enneigée. Froid en apparence, mais chaleureux à l’intérieur ! … Platon ! (J’aime beaucoup sa caverne, elle est super bien aménagée et Feng Shui !). Le taureau. (Je suis très têtu). Vanité, de Philippe de Champaigne.

< Malheureusement, le petit ballon farceur, Roger, se hisse au niveau de nos deux polémistes qui blagouillent pour les interrompre d’une blaguerie pire. “Le Bescherelle !!” lâche-t-il, moqueur. >

NON ! Tais-toi ! Euuuuuh, L’estime de soi pour les nuls. Et, pour finir, le violet.

Tu es un auteur de la Vallée des Mots depuis près d’un trimestre. Tu aimes ce partenariat avec nous ? Tu veux en dire quelque chose ?

Content de ce partenariat, avoir un avis extérieur pour mes dessins et idées m’aide beaucoup !

Sur quoi travailles-tu actuellement ? Et dans un futur proche ?

Actuellement, je travaille bien entendu sur mon manga “Les Parades de la Perdition”, mais également sur trois futurs projets :

  • Une émission de Jeu de Rôle que j’aimerais faire sur Youtube, “Le Carnaval de la Lanterne Noire”
  • Une bande dessinée ayant pour titre ”Il était une dinde”, racontant l’épopée de la “Calembredinde” au travers des différents âges de l’Humanité. Ce serait dans un style franco-belge et au format Instagram (peut-être relié une fois assez de cases faites)
  • Enfin un projet de light novel nommé “De Maux et d’Archet”, contenant pour l’instant trois histoires potentielles, dont le protagoniste serait un certain barde du nom de Grémory Luthier Alvarez, que j’ai déjà dessiné par le passé

Je prévois aussi de produire un clip entièrement en animation 2D prochainement, quand je trouverai un peu de temps.
Mon but final serait de pouvoir créer au moins une œuvre sur chaque format possible (Manga, BD, Comics, Light Novel/Roman, Jeu Vidéo/Jeu de Rôle).

Tu veux nous partager quelques-unes de tes célèbres caricatures ?

Volontiers ! Je te mets aussi des illustrations sérieuses, au cas où.

Est-ce que tu as quelques petits secrets à nous confier ? La parole libre est à toi 😊

Eh bien… Je ne pense pas avoir de secrets à partager. Peut-être qu’un beau jour, quand le génie de la Fibre décidera de venir me rendre visite, une chaîne twitch avec des lives de caricature et animation 2D verra le jour ?

< Un monstrueux fracas secoue Ed, le Bibliovore, le Calembourgmestre et Roger. Mais qu’est-ce que…
Suivant l’exemple d’Ed, le Bibliovore, qui termine en toute hâte ses friandises et son verre de colorant alimentaire (ahlàlà ces coupes budgétaires…), le Calembourgmestre se lève à sa suite. Ils se dirigent vers l’origine du bruit cataclysmique. >

Bon, eh bien, ça a été un plaisir ! Mais je vais devoir m’excuser, il va falloir que j’aille aider. Toute la scène s’est effondrée, et l’événement que nous préparons est dans quatre jours ! Tu nous donnes un coup de main ?

Bien sûr, j’arrive tout de s… NON, ROGER ! Lâche ce lance-pierre !! Mais que fais-tu là-bas ? Ah, c’est terrible, on ne te regarde pas pendant 2 minutes, et toi, tu détruis une scène ? Sacripan ! Y’a des épingles qui se perdent 🧷

Et demain, alors ?

La reconstruction de la scène principale ! Il faudra bien ! Et pour la surprise… revenez nous voir à ce moment-là, pour la découvrir ! Pour sûr, la fête battra encore son plein dans la Vallée des Mots.

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